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Pour une plus grande résilience climatique, une politique à la fois

Diplômée de l’École de l’environnement Bieler, Catherine Hallmich dirige les efforts du Canada en matière de résilience climatique des infrastructures.
Image par Andre Furtado.

Les bureaux de Logement, Infrastructures et Collectivités Canada se trouvent dans une tour de bureau sécurisée, au centre-ville de Montréal. C’est là, à l’abri des regards, que se dessinent les stratégies climatiques qui façonneront l’avenir du pays, et que Catherine Hallmich et ses collègues travaillent à l’orientation des politiques publiques des infrastructures canadiennes dans une perspective de développement durable et de résilience climatique.

Catherine Hallmich est analyste des politiques pour la Direction de la Politique de l’environnement et des infrastructures. Son équipe a pour mission de s’assurer que les investissements fédéraux dans le logement et les infrastructures tiennent compte des changements climatiques. Elle conseille notamment les organismes gouvernementaux sur la construction d’infrastructures résilientes aux effets des changements climatiques, comme les inondations à Montréal et la tempête de grêle à Calgary.

« Nous voulons renforcer les services d’infrastructures en fonction des conditions climatiques actuelles, mais aussi en prévision de celles que le pays connaîtra dans cent ans, explique Catherine Hallmich. Adaptation et atténuation sont nos mots d’ordre. »

L’analyste travaille avec des scientifiques, des universitaires et des organisations non gouvernementales (ONG) pour que les données les plus récentes sur l’adaptation aux changements climatique soient prises en compte dans la planification des politiques fédérales. Avec son équipe, elle supervise la recherche sur les infrastructures résilientes au climat et l’établissement de nouvelles normes nationales, et travaille à l’intégration de considérations climatiques dans les codes nationaux.

Dans une certaine mesure, ce travail est une première au Canada et dans le monde. L’édition 2025 du Code national du bâtiment – Canada, qui inclura des valeurs de calcul établies en fonction de conditions climatiques futures, s’annonce novatrice.

« Avant, on ne disposait que de données historiques des années 1970 et 1980 pour concevoir les bâtiments, rappelle Catherine Hallmich. Aujourd’hui, nous avons plutôt recours à des projections basées sur le scénario RCP 8.5, qui prévoit une augmentation de 2,5 °C des températures mondiales au cours des cinquante prochaines années. »

Le Canada est le premier pays à intégrer des valeurs climatiques futures à son code national du bâtiment. Ce changement important a nécessité plus d’une décennie de recherche et de collaboration, souligne l’analyste.

C’est en s’intĂ©ressant Ă  l’assainissement de l’eau et au dĂ©veloppement international que Catherine s’est dirigĂ©e vers le domaine des politiques publiques. DiplĂ´mĂ©e de l’École de l’environnement Bieler de l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř en 2005, elle a Ă©galement fait une maĂ®trise en gĂ©nie environnemental, toujours Ă  şŁ˝ÇÉçÇř, avant d’effectuer un stage dans le cadre du Programme pour l’environnement des Nations Unies Ă  Washington. Elle a ensuite travaillĂ© dans le secteur de la restauration des sols, puis s’est jointe Ă  la Commission de coopĂ©ration environnementale (CCE), créée dans la foulĂ©e de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique.

À la CCE, Catherine a coordonné de vastes projets de développement durable en Amérique du Nord, réunissant gouvernements et parties prenantes autour de défis environnementaux communs. Par la suite, à la Fondation David Suzuki, elle a dirigé des projets scientifiques portant sur les infrastructures naturelles et sur l’utilisation des arbres et des espaces verts pour renforcer la résilience urbaine.

« Les infrastructures naturelles en milieu urbain aident à combattre la chaleur, absorbent les eaux pluviales et offrent des avantages connexes, comme un accès plus équitable à des espaces verts », explique-t-elle.

Forte d’une expĂ©rience diversifiĂ©e acquise au sein d’ONG, d’universitĂ©s et d’organismes gouvernementaux, Catherine apporte une perspective unique aux politiques environnementales. Elle souligne que ses Ă©tudes Ă  l’École de l’environnement Bieler de l’UniversitĂ© şŁ˝ÇÉçÇř lui ont permis d’acquĂ©rir de solides bases.

« C’était comme une toute nouvelle vision du monde, raconte-t-elle. Le programme, très complet, m’a permis de découvrir une multitude de domaines. »

Cette approche interdisciplinaire continue de guider son travail. Catherine considère qu’elle sert de pont entre la science et la politique, contribuant ainsi à traduire des données complexes en décisions gouvernementales concrètes. Elle insiste également sur l’importance des réseaux et sur le maintien des relations entre les différents secteurs pour assurer la complémentarité des efforts.

« Nous sommes des alliés, souligne-t-elle. Nous transmettons au gouvernement des idées qui naissent dans les universités et les ONG. »

Malgré les progrès réalisés, Catherine est bien consciente des défis qui persistent. L’adaptation aux changements climatiques peut être coûteuse au départ, mais les avantages à long terme dépassent les coûts dans une proportion pouvant atteindre . Cependant, en ce qui a trait aux projets, nous n’avons pas encore suffisamment de données probantes pour démontrer la rentabilité de certaines mesures de résilience. « La collecte de données n’est pas chose simple, explique-t-elle, mais nous finançons la recherche et travaillons à créer une banque de données probantes. »

Elle reconnaît que le gouvernement avance lentement, mais précise que cette lenteur est intentionnelle, car les décisions à grande échelle exigent une grande précision : « C’est comme être à la barre d’un énorme navire : le moindre changement de cap peut entraîner des répercussions majeures. »

Catherine Hallmich souhaite rassurer les étudiantes et étudiants qui s’inquiètent de l’état du monde et du manque d’action de la part des gouvernements. « Vous n’êtes pas seuls. Développez vos compétences et portez la vision du développement durable dans votre domaine, conseille-t-elle. Tout le monde a un rôle à jouer. »

La résilience climatique n’est pas un simple défi technique; c’est un enjeu collectif qui transcende frontières, gouvernements et entreprises. « Nous en subissons tous les conséquences. »

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